$$ \def\CC{\bf C} \def\QQ{\bf Q} \def\RR{\bf R} \def\ZZ{\bf Z} \def\NN{\bf N} $$

Option Algèbre et Calcul Formel de l'Agrégation de Mathématiques: Introduction

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Introduction

Objectifs de l'option

  • Savoir illustrer un enseignement:
    • Présentation d'exemples de tailles plus conséquentes
    • Évacuation des détails des calculs sans intérêt pédagogique
    • Interactivité, gestion du rythme, expérimentation avec la classe
    • Possibilité pour l'élève de refaire les calculs, et d'expérimenter avec
  • Comprendre le fonctionnement général des outils de calcul formel
  • Aborder l'algèbre avec un autre point de vue, plus constructif
  • Manipuler de la bibliographie

Moyens:

  • Expérimentation avec les outils de calcul formel
  • Programmation d'algorithmes classiques pour bien les comprendre
  • Étude de textes

Calcul Formel: Qu'est-ce?

Premiers calculs avec Sage :

In [ ]:
1 + 1
Out[ ]:
2
In [ ]:
( 1 + 2 * (3 + 5) ) * 2
Out[ ]:
34
In [ ]:
2^3
Out[ ]:
8
In [ ]:
2**3
Out[ ]:
8

Calcul exact (par opposition à calcul numérique):

In [ ]:
20/6
Out[ ]:
10/3
In [ ]:
2^10
Out[ ]:
1024
In [ ]:
2^100
Out[ ]:
1267650600228229401496703205376
In [ ]:
2^1000
Out[ ]:
10715086071862673209484250490600018105614048117055336074437\
50388370351051124936122493198378815695858127594672917553146\
82518714528569231404359845775746985748039345677748242309854\
21074605062371141877954182153046474983581941267398767559165\
54394607706291457119647768654216766042983165262438683720566\
8069376
In [ ]:
20.0 / 14
Out[ ]:
1.42857142857143
In [ ]:
numerical_approx(20/14)
Out[ ]:
1.42857142857143
In [ ]:
numerical_approx(2^1000)
Out[ ]:
1.071508607186267e301
In [ ]:
numerical_approx(20/14, digits=60)
Out[ ]:
1.42857142857142857142857142857142857142857142857142857142857

Premier exemple d'instabilité numérique:

In [ ]:
(1 + 10^50) - 10^50
Out[ ]:
1
In [ ]:
(1.0 + 10^50) - 10^50
Out[ ]:
0.000000000000000

En exigeant suffisamment de précision:

In [ ]:
x = n(1, digits=49)
(x+10^50)-10^50
Out[ ]:
1.000000000000000000000000000000000000000000000000
In [ ]:
x = n(1, digits=48)
(x+10^50)-10^50
Out[ ]:
0.000000000000000000000000000000000000000000000000

Quelques exemples supplémentaires:

In [ ]:
factorial(100)
Out[ ]:
93326215443944152681699238856266700490715968264381621\
46859296389521759999322991560894146397615651828625369\
7920827223758251185210916864000000000000000000000000
In [ ]:
factor(2^(2^5)+1)
Out[ ]:
641 * 6700417

Calcul formel avec des fonctions et constantes usuelles:

In [ ]:
arccos(sin(pi/3))
Out[ ]:
arccos(1/2*sqrt(3))
In [ ]:
sqrt(2)
Out[ ]:
sqrt(2)
In [ ]:
exp(I*pi/6)
Out[ ]:
e^(1/6*I*pi)
In [ ]:
simplify(arccos(sin(pi/3)))
Out[ ]:
1/6*pi
In [ ]:
simplify(exp(i*pi/6))
Out[ ]:
1/2*sqrt(3) + 1/2*I
In [ ]:
numerical_approx( 6*arccos( sin(pi/3)), digits=60 )
Out[ ]:
3.14159265358979323846264338327950288419716939937510582097494
In [ ]:
numerical_approx( sqrt(2), digits=60 )
Out[ ]:
1.41421356237309504880168872420969807856967187537694807317668

Calcul algébrique (Computer Algebra):

Résidus modulo, corps finis

Calcul modulo $4$ :

In [ ]:
m = 7 % 4; m
Out[ ]:
3
In [ ]:
3 * m + 1
Out[ ]:
10

Et si l'on veut faire tout les calculs suivants modulo $4$ :

In [ ]:
Z4 = IntegerModRing(4); Z4
Out[ ]:
Ring of integers modulo 4
In [ ]:
m = Z4(7); m
Out[ ]:
3

Par la suite, tous les calculs faisant intervenir m sont fait modulo $4$. Ainsi, dans l'exemple suivants, $3$ et $1$ sont automatiquement convertis dans $\ZZ/n\ZZ$ :

In [ ]:
3 * m + 1
Out[ ]:
2

Corps finis:

In [ ]:
Z3 = GF(3); Z3
Out[ ]:
Finite Field of size 3
Matrices
In [ ]:
a = matrix(QQ, [[1,2,3],[2,4,8],[3,9,27]])
(a^2 + 1) * a^(-1)
Out[ ]:
[  -5 13/2  7/3]
[   7    1 25/3]
[   2 19/2   27]
Polynômes, fractions rationnelles
In [ ]:
P = QQ['x']; P
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Rational Field
In [ ]:
F = P.fraction_field(); F
Out[ ]:
Fraction Field of Univariate Polynomial Ring in x over Rational Field
In [ ]:
p = P(x+1) * P(x); p
Out[ ]:
x^2 + x
In [ ]:
p + 1/p
Out[ ]:
(x^4 + 2*x^3 + x^2 + 1)/(x^2 + x)
In [ ]:
parent(p + 1/p)
Out[ ]:
Fraction Field of Univariate Polynomial Ring in x over Rational Field
Nombres algébriques
In [ ]:
k.<a> = NumberField(x^3 + x + 1)
In [ ]:
a^3
Out[ ]:
-a - 1
In [ ]:
a^4+3*a
Out[ ]:
-a^2 + 2*a

Calcul symbolique

Digression: variables de programmation vs variables symboliques

demo-symbolics

Résumé

Calcul formel =

  • Arithmétique (nombres, ...)
  • Calcul algébrique (matrices, polynômes, séries, groupes)
  • Calcul symbolique (intégration, ...)

Calcul mathématique (computational mathematics) =

  • Calcul formel
  • Combinatoire, graphes
  • Calcul numérique
  • Recherche opérationnelle
  • ...

L'option Algèbre et Calcul Formel

Grands thèmes

  • Arithmétique
  • Algèbre linéaire
  • Factorisation
  • Polynômes et systèmes polynomiaux
  • Groupes, combinatoire, ...
  • En filigrane: algorithmique et complexité

Applications

  • Cryptographie
  • Codage
  • Solveurs exacts (linéaire, ...) pour les sciences de l'ingénieur
  • Robotique

Idées centrales

  • Diviser pour mieux régner
  • Élimination (Gauß, Euclide, Gröbner, SGS)
  • Évaluation (Fourier)
  • Changements de représentation

Systèmes de calculs et Sage

Les systèmes de calcul (formel)

Composants d'un Système de Calcul Formel (Computer Algebra System)

  • Arithmétique: entiers longs, corps finis, ...
  • Polynômes, fractions rationnelles, matrices, ...
  • Sommations, intégration, dérivation, limites symbolique
  • Solveurs (linéaire, polynômiaux, équations différentielles, ...)
  • Lien calcul numérique
  • Bases de données (nombres premiers, groupes classiques, ...)
  • Langage de programmation et structures de données Multiparadigme: impératif / objet / fonctionnel Pourquoi programmer?
  • Gestion de mémoire
  • Interface avec d'autres systèmes
  • Interface utilisateur

Quelques systèmes de calcul

Systèmes généralistes:

Systèmes spécialisés:

  • Magma
  • GAP (groupes)
  • Linbox (algèbre linéaire exacte)
  • Pari, NTL, ... (théorie des nombres)
  • R (statistiques)
  • Macsima (calcul symbolique, libre)
  • Matlab (calcul numérique)
  • Scilab (calcul numérique)
  • Python scientifique (calcul numérique)

Caractéristiques communes

Représentation arborescentes des objets, notion d'opérandes
In [ ]:
var('a,b,c,d,e,f,g')
F = a + b * c + d * e * sin(f)^g
F.operands()
Out[ ]:
[sin(f)^g*d*e, b*c, a]
Gestion automatique de la mémoire

Que se passe-t'il lorsque l'on fait:

In [ ]:
F = 0

(comptage de références ou glaneur de cellule)

Structures de données

Listes, ensembles et tables d'association:

In [ ]:
liste    = [sin(1+x), 3, sin(1+x)]; liste
In [ ]:
ensemble = { sin(1+x), 3, sin(1+x) }; ensemble
In [ ]:
tableAssociative = { sin(1+x) : 1, 3 : 2 }
In [ ]:
tableAssociative[3]
Out[ ]:
2
In [ ]:
tableAssociative[sin(1+x)]
Out[ ]:
1
Langage de programmation

Exécution conditionnelle, boucles, fonctions, ...

Les origines de Sage

Années 50:

Début de l'utilisation de l'ordinateur comme outil pour la recherche en mathématique:

  • Exploration informatique (analogue du télescope des astronomes)
  • Démonstration du théorème des quatre couleurs, ...

Années 80-90:

  • Besoin de mise en commun des développements
  • Besoin de langages de programmation de plus haut niveau
  • Apparition de systèmes spécialisés libres
  • Apparition de systèmes généralistes commerciaux
  • Utilisation pour l'enseignement

Années 2000:

  • Besoin d'un système généraliste libre
  • Besoin d'un système basé sur un langage de programmation généraliste (écosystème, outils de développements, paradigmes de programmation modernes, ...)
  • Besoin d'un système réutilisant et combinant les composants spécialisés libres (ex. Python scientifique)
  • 2005: William Stein lance le projet Sage
  • 2014: Sage est développé par 300 enseignants et chercheurs dans le monde entier

Modélisation mathématique

Sage est orienté objet

Python et Sage utilisent fortement la programmation orientée objet. Même si cela reste relativement transparent pour une utilisation occasionnelle, il est utile d’en savoir un minimum, d’autant que ce fait est très naturel dans un contexte mathématique.

Le paradigme de la programmation orientée objet s’appuie sur un principe: «toute entité du monde physique ou mathématique que l’on souhaite manipuler avec l’ordinateur est modélisé par un objet»; de plus cette objet est une instance d’une classe. Ainsi, le nombre rationnel $o=12/35$ est modélisé par un objet qui est une instance de la classe Rational :

In [ ]:
o = 12/35
type(o)
Out[ ]:
<type 'sage.rings.rational.Rational'>

Noter que cette classe est vraiment associée à l’objet $12/35$, et non seulement à la variable o qui le contient:

In [ ]:
type(12/35)
Out[ ]:
<type 'sage.rings.rational.Rational'>

Précisons les définitions. Un objet est une portion de la mémoire de l’ordinateur qui contient l’information nécessaire pour représenter l’entité qu’il modélise. La classe quant à elle définit deux choses:

  1. la structure de données d’un objet, c’est-à-dire comment l’information est organisée dans le bloc mémoire. Par exemple, la classe Rational stipule qu’un nombre rationel comme $12/35$ est représenté, en gros, par deux nombres entiers: son numérateur et son dénominateur.
  2. son comportement, et en particulier les opérations sur cet objet: par exemple comment on extrait le numérateur d’un nombre rationel, comment on calcule sa valeur absolue, comment on multiplie ou additionne deux nombres rationels, etc. Chacune de ces opération est implantée par une méthode (respectivement numer, abs, {__mult__}, {__add__}, ...).

Pour factoriser un nombre entier $o$, on va donc appeller la méthode factor avec la syntaxe suivante:

In [ ]:
o = 720
o.factor()
Out[ ]:
2^4 * 3^2 * 5

que l’on peut lire comme: «prendre la valeur de o et lui appliquer la méthode factor sans autre argument». Sous le capot, effectue le calcul suivant:

In [ ]:
type(o).factor(o)
Out[ ]:
2^4 * 3^2 * 5

De gauche à droite: «demander à la classe de (la valeur de) o (type(o)) la méthode appropriée de factorisation (type(o).factor), et l’appliquer à o».

Notons au passage que l’on peut appliquer une opération à une valeur sans passer par une variable:

In [ ]:
720.factor()
Out[ ]:
2^4 * 3^2 * 5

et donc en particulier enchaîner les opérations, de la gauche vers la droite. Ici, on prend le numérateur d’un nombre rationnel, que l’on factorise ensuite:

In [ ]:
o = 720 / 133
o.numerator().factor()
Out[ ]:
2^4 * 3^2 * 5

Applications

Polymorphisme

En quoi cela nous concerne-t-il? Tout d’abord, l’orientation objet permet le polymorphisme: quelque soit l’objet o que l’on veut factoriser, on peut toujours utiliser la notation o.factor() (ou son raccourci factor(o)). De même, calquant les notations mathématiques usuelles, le produit de deux objets a et b peut toujours être noté a*b même si l’algorithme utilisé dans chaque cas est différent (Pour une opération arithmétique binaire comme le produit, la procédure de sélection de la méthode appropriée est un peu plus compliquée que ce qui a été décrit précédemment. En effet elle doit gérer des opérations mixtes comme la somme $2 + 3/4$ d’un entier et d’un nombre rationnel. En l’occurence, $2$ sera converti en nombre rationnel $2/1$ avant l’addition. C’est le modèle de coercion de Sage qui est en charge de cela.). Voici un produit de deux nombres entiers:

In [ ]:
3 * 7
Out[ ]:
21

un produit de deux nombres rationnels, obtenu par produit des numérateurs et dénominateurs puis réduction:

In [ ]:
(2/3) * (6/5)
Out[ ]:
4/5

Un produit de deux nombres complexes, utilisant $I^2=-1$ :

In [ ]:
(1 + I)  *  (1 - I)
Out[ ]:
2

des produits commutatifs formels de deux expressions:

In [ ]:
(x + 2) * (x + 1)
Out[ ]:
(x + 1)*(x + 2)
In [ ]:
(x + 1) * (x + 2)
Out[ ]:
(x + 1)*(x + 2)

Outre la simplicité de notation, cela permet d’écrire des programmes génériques comme:

In [ ]:
def puissance_quatre(a):
Out[ ]:
...        a = a * a
...        a = a * a
...        return a

qui s’appliquent à tout objet admettant les opérations utilisées (ici la multiplication):

In [ ]:
puissance_quatre(2)
Out[ ]:
16
In [ ]:
puissance_quatre(3/2)
Out[ ]:
81/16
In [ ]:
puissance_quatre(I)
Out[ ]:
1
In [ ]:
puissance_quatre(x+1)
Out[ ]:
(x + 1)^4
In [ ]:
M = matrix([[0,-1],[1,0]]); M
Out[ ]:
[ 0 -1]
[ 1  0]
In [ ]:
puissance_quatre(M)
Out[ ]:
[1 0]
[0 1]
Introspection

Plus prosaïquement, l’orientation objet permet l’introspection: on peut ainsi accéder à l’aide en ligne spécifique à la factorisation des nombres entiers avec:

In [ ]:
o = 720
x.factor?
Out[ ]:
...
Definition:   o.factor(self, algorithm='pari', proof=None, ...)
Docstring:
     Return the prime factorization of this integer as a list of
     pairs (p, e), where p is prime and e is a positive integer.
...

voire à l’implantation de cette fonction, précédée de son aide en ligne:

In [ ]:
o.factor?
Out[ ]:
...
def factor(self, algorithm='pari', proof=None, ...)
      ...
      if algorithm == 'pari':
          ...
      elif algorithm in ['kash', 'magma']:
          ...

En passant au dessus des détails techniques, on distingue bien que Sage délègue le calcul à d’autres logiciels (Pari, Kash, ...).

Enfin, on peut utiliser la complétion automatique pour demander interactivement à un objet o quelles sont toutes les opérations que l’on peut lui appliquer:

In [ ]:
o.<tab>
Out[ ]:
o.N                                  o.__abs__
o.__add__                            o.__and__
...

Ici, il y en a beaucoup; voici celles qui commencent par n :

In [ ]:
o.n<tab>
Out[ ]:
o.n                     o.nbits                   o.ndigits
o.next_prime            o.next_probable_prime     o.nth_root
      o.numerator             o.numerical_approx

Éléments, parents, catégories

Éléments et parents

Dans la section précédente, nous avons vu la notion technique de classe d’un objet. Dans la pratique, il est suffisant de savoir que cette notion existe; on a rarement besoin de regarder explicitement le type d’un objet. En revanche Sage introduit une contrepartie plus conceptuelle de cette notion que nous allons aborder maintenant: celle du parent d’un objet.

Supposons par exemple que l’on veuille déterminer si un élément $a$ est inversible. La réponse ne va pas seulement dépendre de l’élément lui-même, mais de l’ensemble $A$ auquel il est considéré appartenir. Par exemple, le nombre $5$ n’est pas inversible dans l’ensemble $\ZZ$ des entiers, son inverse $1/5$ n’étant pas un entier:

In [ ]:
a = 5; a
Out[ ]:
5
In [ ]:
a.is_unit()
Out[ ]:
False

En revanche, il est inversible dans l’ensemble des rationnels:

In [ ]:
a = 5/1; a
Out[ ]:
5
In [ ]:
a.is_unit()
Out[ ]:
True

Comme nous l’avons vu dans la section précédente, Sage répond différemment à ces deux questions car les éléments $5$ et $5/1$ sont dans des classes différentes:

In [ ]:
type(5)
Out[ ]:
<type 'sage.rings.integer.Integer'>
In [ ]:
type(5/1)
Out[ ]:
<type 'sage.rings.rational.Rational'>

Dans certains systèmes de calcul formel orientés objet, tels que MuPAD ou Axiom l’ensemble $X$ auquel $x$ est considéré appartenir (ici $\ZZ$ ou $\QQ$) est simplement modélisé par la classe de $x$. Sage suit l’approche de Magma, et modélise $X$ par un objet supplémentaire associé à $x$, et appelé son parent:

In [ ]:
parent(5)
Out[ ]:
Integer Ring
In [ ]:
parent(5/1)
Out[ ]:
Rational Field

On peut retrouver ces deux ensembles avec les raccourcis:

In [ ]:
ZZ
Out[ ]:
Integer Ring
In [ ]:
QQ
Out[ ]:
Rational Field

et les utiliser pour convertir aisément un élément de l’un à l’autre lorsque cela a un sens:

In [ ]:
QQ(5).parent()
Out[ ]:
Rational Field
In [ ]:
ZZ(5/1).parent()
Out[ ]:
Integer Ring
In [ ]:
ZZ(1/5)
Out[ ]:
Traceback (most recent call last):
  ...
TypeError: no conversion of this rational to integer

Voici $1$ en tant qu’entier $1\in\ZZ$, nombre rationnel $1\in\QQ$, et approximations flottantes $1{,}0\in\RR$ et $1{,}0+0{,}0i \in\CC$ :

In [ ]:
ZZ(1), QQ(1), RR(1), CC(1)
Out[ ]:
(1, 1, 1.00000000000000, 1.00000000000000)

Exemple: Combinatoire

Selon le même principe, lorsque l'on demande toutes les partitions de l'entier 5, le résultat est un objet qui modélise cet ensemble:

In [ ]:
P = Partitions(5); P
Out[ ]:
Partitions of the integer 5

Pour obtenir la liste de ces objets, il faut le demander explicitement:

In [ ]:
P.list()
Out[ ]:
[[5], [4, 1], [3, 2], [3, 1, 1], [2, 2, 1], [2, 1, 1, 1], [1, 1, 1, 1, 1]]

Cela permet de manipuler formellement des grands ensembles:

In [ ]:
Partitions(100000).cardinality()
Out[ ]:
27493510569775696512677516320986352688173429315980054758203125984302147328114964173055050741660736621590157844774296248940493063070200461792764493033510116079342457190155718943509725312466108452006369558934464248716828789832182345009262853831404597021307130674510624419227311238999702284408609370935531629697851569569892196108480158600569421098519

Et de calculer paresseusement avec. Ici, on tire au hasard une main de cinq cartes à jouer:

In [ ]:
Symboles = Set(["Coeur", "Carreau", "Pique", "Trefle"])
Valeurs  = Set([2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, "Valet", "Dame", "Roi", "As"])
Cartes   = CartesianProduct(Valeurs, Symboles).map(tuple)
Mains    = Subsets(Cartes, 5)
Mains.cardinality()
Out[ ]:
2598960
In [ ]:
Mains.random_element()                           # random
Out[ ]:
{(2, 'Coeur'), (6, 'Pique'), (10, 'Carreau'), ('As', 'Pique'), ('Valet', 'Coeur')}

et là on manipule un mot infini défini comme point fixe d'un morphisme:

In [ ]:
m = WordMorphism('a->acabb,b->bcacacbb,c->baba')
m.fixed_point('a')
Out[ ]:
word: acabbbabaacabbbcacacbbbcacacbbbcacacbbac...

Complément: Constructions

Les parents étant eux-même des objets, on peut leur appliquer des opérations. Ainsi, on peut construire le produit cartésien $\QQ^2$ :

In [ ]:
cartesian_product([QQ, QQ])
Out[ ]:
The cartesian product of (Rational Field, Rational Field)

retrouver $\QQ$ comme corps des fractions de $\ZZ$ :

In [ ]:
ZZ.fraction_field()
Out[ ]:
Rational Field

construire l’anneau des polynômes en $x$ à coefficients dans $\ZZ$ :

In [ ]:
ZZ['x']
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Integer Ring

Par empilement successif, on peut construire des structure algébriques avancées comme l’espace des matrices $3\times 3$ à coefficients polynomiaux sur un corps fini:

In [ ]:
Z5 = GF(5); Z5
Out[ ]:
Finite Field of size 5
In [ ]:
P = Z5['x']; P
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Finite Field of size 5
In [ ]:
M = MatrixSpace(P, 3, 3); M
Out[ ]:
Full MatrixSpace of 3 by 3 dense matrices over
Univariate Polynomial Ring in x over Finite Field of size 5

dont voici un élément:

In [ ]:
M.random_element()                           # random
Out[ ]:
[2*x^2 + 3*x + 4 4*x^2 + 2*x + 2     4*x^2 + 2*x]
[            3*x   2*x^2 + x + 3     3*x^2 + 4*x]
[      4*x^2 + 3 3*x^2 + 2*x + 4         2*x + 4]
In [ ]:
M.det()

Exemple: algèbre linéaire

Dans les exemples ci-dessous, nous ferons de l'algèbre linéaire sur le corps fini $\ZZ/7\ZZ$ :

In [ ]:
K = GF(7); K
Out[ ]:
Finite Field of size 7
In [ ]:
list(K)
Out[ ]:
[0, 1, 2, 3, 4, 5, 6]

Nous avons choisi ce corps à titre d'illustration pour avoir des résultats lisibles. On aurait pu prendre des coefficients entiers, rationnels, ou numériques à plus ou moins haute précision. Les aspects numériques seront abordés plus en détail dans l'exposé suivant. Notons au passage que, même en calcul exact, il est possible de manipuler de relativement grosses matrices:

In [ ]:
n = 500
M = random_matrix(K, n, sparse=True, density=3/n)
M.visualize_structure()                                      # not tested
In [ ]:
n = 10000
M = random_matrix(K, n, sparse=True, density=3/n)
M.rank()                                                     # random
Out[ ]:
9278

Définissons donc une matrice à coefficients dans $\ZZ/7\ZZ$ :

In [ ]:
A = matrix(K, 4, [5,5,4,3,0,3,3,4,0,1,5,4,6,0,6,3]); A
Out[ ]:
[5 5 4 3]
[0 3 3 4]
[0 1 5 4]
[6 0 6 3]

Calculons le polynôme caractéristique de cette matrice:

In [ ]:
P = A.characteristic_polynomial(); P
Out[ ]:
x^4 + 5*x^3 + 6*x + 2

On vérifie le théorème de Cayley-Hamilton sur cet exemple:

In [ ]:
P(A)
Out[ ]:
[0 0 0 0]
[0 0 0 0]
[0 0 0 0]
[0 0 0 0]

Notons que l'information sur le corps de base est préservée:

In [ ]:
P.parent()
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Finite Field of size 7

ce qui influe directement sur la factorisation de ce polynôme:

In [ ]:
factor(P)
Out[ ]:
(x + 3) * (x + 6) * (x + 5)^2
In [ ]:
factor(x^4 + 5*x^3 + 6*x + 2)
Out[ ]:
x^4 + 5*x^3 + 6*x + 2

Le calcul ci-dessus nous donne les valeurs propres: -3=4,-6=1 et -5=2. Quels sont les espaces propres?

In [ ]:
A.eigenspaces_left()
Out[ ]:
[
(4, Vector space of degree 4 and dimension 1 over Finite Field of size 7
User basis matrix:
[1 4 6 1]),
(1, Vector space of degree 4 and dimension 1 over Finite Field of size 7
User basis matrix:
[1 3 3 4]),
(2, Vector space of degree 4 and dimension 2 over Finite Field of size 7
User basis matrix:
[1 0 2 3]
[0 1 6 0])
]

Récupérons ces espaces propres:

In [ ]:
E = dict(A.eigenspaces_left())
E[2]
Out[ ]:
Vector space of degree 4 and dimension 2 over Finite Field of size 7
User basis matrix:
[1 0 2 3]
[0 1 6 0]

E[2] n'est pas une liste de vecteurs ni une matrice, mais un objet qui modélise l'espace propre $E_2$, comme le sous-espace de $(\ZZ/7\ZZ)^4$ décrit par sa base échelon réduite. On peut donc lui poser des questions:

In [ ]:
E[2].dimension()
Out[ ]:
2
In [ ]:
E[2].basis()
Out[ ]:
[
(1, 0, 2, 3),
(0, 1, 6, 0)
]
In [ ]:
V = E[2].ambient_vector_space(); V
Out[ ]:
Vector space of dimension 4 over Finite Field of size 7

Voire faire des calculs avec:

In [ ]:
E[2] + E[4]
Out[ ]:
Vector space of degree 4 and dimension 3 over Finite Field of size 7
Basis matrix:
[1 0 0 0]
[0 1 0 5]
[0 0 1 5]
In [ ]:
v = V([1,2,0,3])
v in E[2]
Out[ ]:
True
In [ ]:
E[2].echelon_coordinates(v)
Out[ ]:
[1, 2]
In [ ]:
E[2].is_subspace(E[4])
Out[ ]:
False
In [ ]:
E[2].is_subspace(V)
Out[ ]:
True
In [ ]:
Q = V/E[2]; Q
Out[ ]:
Vector space quotient V/W of dimension 2 over Finite Field of size 7 where
V: Vector space of dimension 4 over Finite Field of size 7
W: Vector space of degree 4 and dimension 2 over Finite Field of size 7
User basis matrix:
[1 0 2 3]
[0 1 6 0]
In [ ]:
Q( V([0,0,0,1]) )
Out[ ]:
(2, 4)

On veut maintenant manipuler $A$ comme un morphisme sur $V$ :

In [ ]:
phi = End(V)(A); phi
Out[ ]:
Free module morphism defined by the matrix
[5 5 4 3]
[0 3 3 4]
[0 1 5 4]
[6 0 6 3]
Domain: Vector space of dimension 4 over Finite Field of size 7
Codomain: Vector space of dimension 4 over Finite Field of size 7
In [ ]:
v = V.an_element()
v
Out[ ]:
(1, 0, 0, 0)
In [ ]:
phi(v)
Out[ ]:
(5, 5, 4, 3)
In [ ]:
(phi^-1)(v)
Out[ ]:
(1, 2, 3, 4)
In [ ]:
phi^4 + 5*phi^3 + 6*phi + 2
Out[ ]:
Free module morphism defined by the matrix
[0 0 0 0]
[0 0 0 0]
[0 0 0 0]
[0 0 0 0]
Domain: Vector space of dimension 4 over Finite Field of size 7
Codomain: Vector space of dimension 4 over Finite Field of size 7
In [ ]:
(phi - 1).image()
Out[ ]:
Vector space of degree 4 and dimension 3 over Finite Field of size 7
Basis matrix:
[1 0 0 0]
[0 1 0 5]
[0 0 1 5]
In [ ]:
(phi - 1).kernel() == E[1]
Out[ ]:
True
In [ ]:
phi.restrict(E[2])
Out[ ]:
Free module morphism defined by the matrix
[2 0]
[0 2]
Domain: Vector space of degree 4 and dimension 2 over Finite Field of ...
Codomain: Vector space of degree 4 and dimension 2 over Finite Field of ...

En résumé

  • « Mathematics is the art of reducing any problem to linear algebra » William Stein
  • Il serait en principe suffisant d'implanter l'algèbre linéaire sur les matrices
  • Le pari de Sage: modéliser au plus près les mathématiques, pour que l'utilisateur ou le programmeur puisse s'exprimer dans le langage adapté au problème considéré.

Complément: Catégories

Un parent n’a, en général, pas lui-même un parent, mais une catégorie qui indique ses propriétés:

In [ ]:
C = QQ.category(); C
Out[ ]:
Category of quotient fields

De fait Sage sait que $\QQ$ est un corps:

In [ ]:
QQ in Fields()
Out[ ]:
True

et donc, par exemple, un groupe additif commutatif:

In [ ]:
QQ in CommutativeAdditiveGroups()
Out[ ]:
True

Voici tous les axiomes satisfaits par $\QQ$ :

In [ ]:
C.axioms()

et les catégories de $\QQ$ :

In [ ]:
G = C.category_graph()
G.set_latex_options(format="dot2tex")
view(G, tightpage=True, viewer="pdf")

Sage en déduit que $\QQ[x]$ est un anneau euclidien:

In [ ]:
QQ['x'].category()
Out[ ]:
Category of euclidean domains

En général, il peut combiner des axiomes et des structures:

In [ ]:
Magmas().Associative() & Magmas().Unital().Inverse() & Sets().Finite()
Out[ ]:
Category of finite groups

Et appliquer par exemple le théorème de Wedderburn:

In [ ]:
Rings().Division() & Sets().Finite()
Out[ ]:
Category of finite fields

Toutes ces propriétés sont utilisées pour calculer rigoureusement et plus efficacement sur les éléments de ces ensembles.

Expressions versus domaines de calcul explicites

Dans cette section, nous donnons quelques exemples typiques pour lesquels il est important de contrôler le domaine de calcul. En première lecture, on peut passer rapidement sur les exemples plus avancés pour arriver directement à la synthèse de fin de section.

Exemple: simplification d’expressions

Soit $c$ une expression un tout petit peu compliquée:

In [ ]:
a = var('a')
c = (a+1)^2 - (a^2+2*a+1)

et cherchons à résoudre l’équation en $x$ donnée par $cx=0$ :

In [ ]:
eq =  c * x == 0

L’utilisateur imprudent pourrait être tenté de simplifier cette équation par $c$ avant de la résoudre:

In [ ]:
eq2 = eq / c; eq2
Out[ ]:
x == 0
In [ ]:
solve(eq2, x)
Out[ ]:
[x == 0]

Heureusement, Sage ne fait pas cette erreur:

In [ ]:
solve(eq, x)
Out[ ]:
[x == x]

Ici, Sage a pu résoudre correctement le système car le coefficient $c$ est une expression polynomiale. Il est donc facile de tester si $c$ est nul; il suffit de le développer:

In [ ]:
expand(c)
Out[ ]:
0

Et d’utiliser le fait que deux polynômes sous forme développée identiques sont égaux. On dit que la forme développée d’un polynôme est une forme normale.

En revanche, sur un exemple à peine plus compliqué, Sage commet une erreur:

In [ ]:
c = cos(a)^2 + sin(a)^2 - 1
eq = c*x == 0
solve(eq, x)
Out[ ]:
[x == 0]

alors même qu’il sait faire la simplification et même le test à zéro correctement:

In [ ]:
c.simplify_trig()
Out[ ]:
0
In [ ]:
c.is_zero()
Out[ ]:
True

Cet exemple illustre l’importance du test de nullité, et plus généralement des formes normales, dans un domaine de calcul. Sans lui, tout calcul faisant intervenir une division devient hasardeux. Les algorithmes comme le pivot de Gauss en algèbre linéaire sont particulièrement sensibles à ces considérations.

Exemples: polynômes et formes normales

Construisons l’anneau $\QQ[x_1,x_2,x_3,x_4]$ des polynômes en $4$ variables:

In [ ]:
R = QQ['x1,x2,x3,x4']; R
Out[ ]:
Multivariate Polynomial Ring in x1, x2, x3, x4 over Rational Field
In [ ]:
x1, x2, x3, x4 = R.gens()

Les éléments de $R$ sont automatiquement représentés sous forme développée:

In [ ]:
x1 * (x2 - x3)
Out[ ]:
x1*x2 - x1*x3

qui comme nous l’avons vu est une forme normale. On dit alors que $R$ est à représentation normale. En particulier le test à zéro y est immédiat:

In [ ]:
(x1+x2)*(x1-x2) - (x1^2 -x2^2)
Out[ ]:
0

Mais ce n’est pas toujours un avantage. Par exemple, si l’on construit le déterminant de Vandermonde $\prod_{1\leq i < j \leq n} (x_i-x_j)$ :

In [ ]:
prod( (a-b) for (a,b) in Subsets([x1,x2,x3,x4],2) )
Out[ ]:
x1^3*x2^2*x3 - x1^2*x2^3*x3 - x1^3*x2*x3^2 + x1*x2^3*x3^2
+ x1^2*x2*x3^3 - x1*x2^2*x3^3 - x1^3*x2^2*x4 + x1^2*x2^3*x4
+ x1^3*x3^2*x4 - x2^3*x3^2*x4 - x1^2*x3^3*x4 + x2^2*x3^3*x4
+ x1^3*x2*x4^2 - x1*x2^3*x4^2 - x1^3*x3*x4^2 + x2^3*x3*x4^2
+ x1*x3^3*x4^2 - x2*x3^3*x4^2 - x1^2*x2*x4^3 + x1*x2^2*x4^3
+ x1^2*x3*x4^3 - x2^2*x3*x4^3 - x1*x3^2*x4^3 + x2*x3^2*x4^3

on obtient $4!=24$ termes. Alors que la même construction avec une expression reste sous forme factorisée qui est ici beaucoup plus compacte et lisible:

In [ ]:
x1, x2, x3, x4 = var('x1, x2, x3, x4')
prod( (a-b) for (a,b) in Subsets([x1,x2,x3,x4],2) )
Out[ ]:
(x3 - x4)*(x2 - x4)*(x2 - x3)*(x1 - x4)*(x1 - x3)*(x1 - x2)

De même, une représentation factorisée ou partiellement factorisée permet des calculs de { pgcd} bien plus rapides. Réciproquement, il ne serait pas judicieux de mettre automatiquement tout polynôme sous forme factorisée, même s’il s’agit aussi d’une forme normale, car la factorisation est coûteuse et non compatible avec l’addition.

De manière générale, selon le type de calcul voulu, la représentation idéale d’un élément n’est pas toujours sa forme normale. Cela amène les systèmes de calcul formel à un compromis avec les expressions. Un certain nombre de simplifications basiques, comme la réduction des rationnels ou la multiplication par zéro, y sont effectuées automatiquement; les autres transformations sont laissées à l’initiative de l’utilisateur auquel des commandes spécialisées sont proposées.

Exemple: factorisation des polynômes

Considérons la factorisation de l’expression polynomiale suivante:

In [ ]:
x = var('x')
p = 54*x^4+36*x^3-102*x^2-72*x-12
factor(p)
Out[ ]:
6*(3*x + 1)^2*(x^2 - 2)

Cette réponse est-elle satisfaisante? Il s’agit bien d’une factorisation de $p$, mais son optimalité dépend fortement du contexte! Pour le moment Sage considère p comme une expression symbolique, qui se trouve être polynomiale. Il ne peut pas savoir si l’on souhaite factoriser $p$ en tant que produit de polynômes à coefficients entiers ou à coefficients rationnels (par exemple). Pour prendre le contrôle, nous allons préciser dans quel ensemble (domaine de calcul?) nous souhaitons considérer $p$. Pour commencer, nous allons considérer $p$ comme un polynôme à coefficient entiers. Nous définissons donc l’anneau $R=\ZZ[x]$ de ces polynômes:

In [ ]:
R = ZZ['x']; R
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Integer Ring

Puis nous convertissons $p$ dans cet anneau:

In [ ]:
q = R(p); q
Out[ ]:
54*x^4 + 36*x^3 - 102*x^2 - 72*x - 12

À l’affichage on ne voit pas de différence, mais $q$ sait qu’il est un élément de $R$ :

In [ ]:
parent(q)
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Integer Ring

Du coup, sa factorisation est sans ambiguïté:

In [ ]:
factor(q)
Out[ ]:
2 * 3 * (3*x + 1)^2 * (x^2 - 2)

On procède de même sur le corps des rationels:

In [ ]:
R = QQ['x']; R
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Rational Field
In [ ]:
q = R(p); q
Out[ ]:
54*x^4 + 36*x^3 - 102*x^2 - 72*x - 12
In [ ]:
factor(R(p))
Out[ ]:
(54) * (x + 1/3)^2 * (x^2 - 2)

Dans ce nouveau contexte, la factorisation est encore non ambiguë; mais différente de précédemment. Notons au passage que Sage sait que $R$ est un anneau euclidien:

In [ ]:
R.category()
Out[ ]:
Category of euclidean domains

et donc en particulier un anneau où la factorisation est unique (voir Figure {fig:premierspas:catégories}).

Cherchons maintenant une factorisation complète sur les nombres complexes. Une première option est de s’autoriser une approximation numérique des nombres complexes avec 16 bits de précision:

In [ ]:
R = ComplexField(16)['x']; R
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Complex Field
with 16 bits of precision
In [ ]:
q = R(p); q
Out[ ]:
54.00*x^4 + 36.00*x^3 - 102.0*x^2 - 72.00*x - 12.00
In [ ]:
factor(R(p))
Out[ ]:
(54.00) * (x - 1.414) * (x + 0.3333)^2 * (x + 1.414)

Une autre est d’agrandir un peu le corps des rationnels; ici, on va rajouter $\sqrt{2}$.

In [ ]:
R = QQ[sqrt(2)]['x']; R
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Number Field in sqrt2
with defining polynomial x^2 - 2
In [ ]:
q = R(p); q
Out[ ]:
54*x^4 + 36*x^3 - 102*x^2 - 72*x - 12
In [ ]:
factor(R(p))
Out[ ]:
(54) * (x - sqrt2) * (x + sqrt2) * (x + 1/3)^2

Enfin, peut-être souhaite-t’on que les coefficients soient considérés modulo $5$?

In [ ]:
R = GF(5)['x']; R
Out[ ]:
Univariate Polynomial Ring in x over Finite Field of size 5
In [ ]:
q = R(p); q
Out[ ]:
4*x^4 + x^3 + 3*x^2 + 3*x + 3
In [ ]:
factor(R(p))
Out[ ]:
(4) * (x + 2)^2 * (x^2 + 3)

Synthèse

Dans les exemples précédents, nous avons illustré comment l’utilisateur peut contrôler le niveau de rigueur dans ses calculs. D’un côté il peut utiliser les expressions symboliques. Ces expressions vivent dans l’anneau des expressions symboliques:

In [ ]:
parent(sin(x))
Out[ ]:
Symbolic Ring

que l’on peut aussi obtenir avec:

In [ ]:
SR
Out[ ]:
Symbolic Ring

Les propriétés de cet anneau sont assez floues; il est commutatif:

In [ ]:
SR.category()
Out[ ]:
Category of commutative rings

et les règles de calcul font en gros l’hypothèse que toutes les variables symboliques sont à valeur dans $\CC$. Le domaine de calcul (expressions polynomiale? rationnelles? trigonométriques?) n’étant pas spécifié explicitement, le résultat d’un calcul nécessite le plus souvent des transformations manuelles pour être mis sous la forme désirée (voir {sec:calculus:simplifications}), en utilisant par exemple expand, combine, collect et simplify. Pour bien utiliser ces fonctions, il faut savoir quel type de transformations elles effectuent et à quel domaine de calcul ces transformations s’appliquent. Ainsi, l’usage aveugle de la fonction simplify peut conduire à des résultats faux. Des variantes de simplify permettent alors de préciser la simplification à effectuer.

D’un autre côté, l’utilisateur peut construire un parent qui va spécifier explicitement le domaine de calcul. Cela est particulièrement intéressant lorsque ce parent est à forme normale: c’est-à-dire que deux objets éléments sont mathématiquement égaux si et seulement si ils ont la même représentation.

Pour résumer, la souplesse est l’avantage principal des expressions:

  • pas de déclaration explicite du domaine de calcul;
  • ajout au vol de nouvelles variables ou fonctions symboliques;
  • changement au vol du domaine de calcul (par exemple lorsque l’on prend le sinus d’une expression polynomiale);
  • utilisation de toute la gamme des outils d’analyse (intégration, etc.).

Les avantages de la déclaration explicite du domaine de calcul sont:

  • vertus pégagogiques: réfléchir au préalable à l'univers où vivent les objets;
  • rigueur: les résultats obtenus sont garantis corrects (Sage n’est pas un système de calcul certifié; il peut donc toujours y avoir un bogue informatique; mais il n’y aura pas d’utilisation d’hypothèse implicite);
  • mise sous forme normale automatique (le plus souvent) — cela peut aussi être un inconvénient ! — ;
  • constructions avancées qui seraient délicates avec des expressions (calculs sur un corps fini ou une extension algébrique de $\QQ$, dans un anneau non commutatif...).

Travaux pratiques

L'objectif de la séance est de prendre en main le logiciel Sage. À vous d'explorer ses fonctionnalités selon vos goûts et connaissances préalables, et de préparer une mini-illustration de trois minutes que vous présenterez en fin de séance.

Voici quelques pistes:

Instructions pour les mini-illustrations:

  • Préparer une feuille de travail Jupyter, nommée <Prenom>-<Nom> (pour moi, cela donnerait Nicolas-Thiéry)
  • La sauvegarder; cela donne un fichier comme Nicolas-Thiéry.ipynb
  • Envoyer ce fichier à Nicolas.Thiery@u-psud.fr dans un mail ayant comme sujet «Illustration agrégation».

Quelques liens