4. Principes de conception responsable#

Protection des données utilisateurs#

La politique de protection des données personnelles mise en oeuvre par la plateforme devra être exemplaire dans son application des grands principes, notamment de proportionnalité, de confidentialité, et de finalité de toute collecte et traitement de données utilisateurs, et ce, quel que soit le rôle de ces derniers : élèves, étudiants, enseignants, chercheurs, etc.

L’accent sera mis sur la transparence. Au-delà des droits réglementaires aux données collectées (accès, modification, suppression, …), les utilisateurs auront accès à plusieurs outils leur permettant d’explorer leur propre usage de la plateforme via un tableau de bord individualisé. Des exemples de notebooks permettant aux utilisateurs d’analyser leurs propres données seront mis à disposition sur la bibliothèque de contenus. Ces ressources ont pour but de favoriser la littératie du public en termes d’usages de données.

Les développements effectués dans le contexte de Candyce devront garantir la confidentialité de la plateforme dès la conception ( »privacy by design ») et par défaut ( »privacy by default »). Par exemple, les traces d’apprentissage collectées sur l’usage d’une ressource pédagogique ne seront par défaut accessibles qu’aux personnes concernées, et tout partage en dehors de ce groupe sera explicite et géré par des jetons d’accès révocables (par l’établissement, l’académie ou l’utilisateur selon le cas).

La politique de collecte et de protection des données sera garantie par un délégué à la protection des données (DPD, data protection officer, DPO) en charge du projet.

Ecoconception du projet#

D’après l’ADEME, le numérique représente aujourd’hui environ 4% des émissions mondiales de gaz à effets de serre, avec une croissance anticipée de 10% par an. Loin d’être uniquement virtuels, les outils et services numériques ont des impacts importants sur l’environnement à travers leur matérialité et le quotidien des humains qui les font vivre. Il est donc indispensable qu’un projet d’une telle ampleur implémente dès son lancement les grands principes d”écoconception de services numériques afin de réduire au maximum ses impacts.

Il ne s’agit pas uniquement d’une recherche d’optimisation, d’efficience ou de performance visant à réduire la consommation énergétique en phase d’usage, mais d’une réflexion plus globale à tendre vers la sobriété. Il est question d’agir sur l’ensemble du cycle de vie du service numérique et de l’activité des humains impliqués dans le projet, tout autant que sur l’usage des technologies. Cette démarche vise notamment directement ou indirectement à allonger la durée des vies des équipements numériques, à réduire la consommation de ressources informatiques et énergétiques des terminaux, des réseaux, des centres de données, et de l’activité humaine intrinsèquement liée.

Pour se faire, il existe plusieurs ressources de référence sur lesquelles une telle démarche devra s’appuyer, dont on peut citer comme exemple :

  • Le Référentiel Général d’Ecoconception de Services Numériques RGESN : il s’agit d’un référentiel constitué dans le cadre de la mission interministérielle « Green Tech » piloté par la Direction interministérielle du numérique (DINUM) et le Ministère de la Transition Ecologique (MTE), avec la participation de tous les ministères. Il a pour ambition d’intégrer le cercle vertueux comprenant les référentiels et règlements existants : RGAA pour l’accessibilité, RGS pour la Sécurité, RGI pour l’interopérabilité et RGPD pour la protection des données personnelles ;

  • Le Guide de Référence de Conception Responsable de Services Numériques GR491 mis en place par l’Institut du Numérique Responsable : ce guide contient 491 bonnes pratiques pour implémenter 57 recommandations déclinées en 8 grandes familles. Il ne se focalise pas que sur les impacts environnementaux, les bonnes pratiques sont catégorisées selon les trois piliers du développement durable : l’aspect social, l’aspect économique, et l’aspect environnemental.

Néanmoins l’écoconception d’un service numérique est une discipline balbutiante avec encore beaucoup de zones d’ombre et très peu de retours d’expérience concrets et chiffrés. Aucun ne porte sur un projet d’une envergure similaire à la présente proposition. L’implémentation pionnière d’une telle démarche est donc l’opportunité de produire un contenu permettant d’enrichir la connaissance globale, la compréhension du sujet et la création de données pour la recherche en numérique frugal.

Sa mise en œuvre va nécessairement devoir passer par plusieurs étapes essentielles, dont voici une liste non-exhaustive :

  • la sensibilisation de l’ensemble des acteurs du projet aux enjeux. Il ne s’agit pas ici d’une formation technique spécialisée réservée à une population ciblée, mais bien d’actions de sensibilisation. Il est indispensable qu’à tous les niveaux de contribution, de la définition stratégique à la mise en œuvre en passant par le pilotage, les acteurs prennent conscience de l’importance d’intégrer les impacts environnementaux dans les critères de décisions ;

  • la formation d’acteurs spécialisés. Il est probable qu’à différents niveaux, notamment sur le design des interfaces hommes/machines ou le développement logiciel, il soit nécessaire d’organiser des sessions de formations techniques spécialisées sur le sujet de l’écoconception pour permettre la montée en compétence des équipes ;

  • la mise en place d’outils de mesure. Avant de lancer une démarche de réduction des impacts, il est nécessaire de mettre en place les outils et les méthodologies permettant la mesure à tous les niveaux. Il peut s’agir par exemple d’établir la collecte des indicateurs permettant de réaliser le bilan carbone du projet, le recensement des infrastructures, tout autant que la mise en place de sondes logicielles ou matérielles permettant d’évaluer les consommations énergétiques en phase d’usage. L’impact sur les terminaux devra également être mesuré, afin d’éviter d’éventuels effets rebonds ou d’obésiciels ;

  • ces indicateurs une fois collectés permettront d’alimenter un tableau de bord de suivi, permettant ainsi un pilotage du projet incluant l’axe environnemental ;

  • l’application des bonnes pratiques d’écoconception va influer sur de nombreux choix structurants du projet, comme celui des centres de données hébergeant l’infrastructure, le design des interfaces ou la politique de déplacement des équipes. Le détail de la mise en œuvre de ces bonnes pratiques serait trop longue à détailler ici mais leur implémentation dans le projet fera l’objet d’un rapport spécifique qui fera office de retour d’expérience avec l’ambition de pouvoir éclairer la mise en place d’une démarche similaire dans de futurs projets ;

  • l’information et la sensibilisation des utilisateurs aux impacts de leur usage est une étape importante du processus d’écoconception. Une fois des métriques produites sur les impacts, il sera alors possible de les rendre accessibles aux utilisateurs à travers la plateforme, à des fins de sensibilisation. Ces données pourront également être personnalisées en fonction de leur propre usage, et intégrées à leurs données de profile.

  • il est fort probable que des développements spécifiques d’outils ou de méthodologies soient nécessaires pour mettre en œuvre une telle démarche. Ces créations seront rendues disponibles à la communauté, sous la forme d’outils logiciels libres ou de rapports détaillant les méthodologies déployées.

Science Ouverte#

La plupart des partenaires de Candyce sont des promoteurs de longue date de la Science Ouverte et Candyce s’inscrit naturellement dans ce mouvement. Les motivations en sont tout autant d’ordre éthiques (transparence, redonner le contrôle aux utilisateurs), pédagogiques (permettre aux apprenants de réutiliser à volonté les outils mis à disposition, d”«ouvrir la boîte», les former à la science ouverte, etc.) que pragmatiques (reproductibilité, mutualisation, efficience des investissements consentis, coût d’opération, simplicité de la gestion de la propriété intellectuelle dans un contexte multi-acteurs, etc.).

Candyce n’aurait simplement pas pu voir le jour sans la Science Ouverte, et réciproquement le projet a pour mission de la promouvoir, avec pragmatisme.

  • Logiciel libre: tous les logiciels développés dans le cadre du projet Candyce le seront sous licence libre (comme la Licence BSD utilisée par le projet Jupyter), en contribuant à chaque fois que possible à des logiciels existants.

  • Publications ouvertes: toutes les publications produites dans le cadre du projet Candyce (publications scientifiques, matériel pédagogique, …) seront diffusées sous licence libre (typiquement Creative Commons Attribution). Cela inclue notamment les productions de matériel pédagogique commanditées par Candyce à des EdTechs.

  • Données ouvertes: toutes les données produites par le projet seront diffusées selon le paradigme de «aussi ouvert que possible» (pour soutenir la recherche et la valorisation équitable sous toutes ses formes) et «aussi fermé que nécessaire» (pour garantir la protection des données personnelles), sous l’égide du comité de gouvernance des données personnelles>

  • Gestion ouverte: le paradigme de «aussi ouvert que possible» et «aussi fermé que nécessaire» s’appliquera aussi à la mise en œuvre de Candyce (rapports d’étapes, …).

Il est important de préciser que, si Candyce promeut la Science Ouverte et ses pratiques vertueuses, et en impose les pratiques aux actions financées dans le cadre du projet, elle n’a pas vocation – en tant qu’infrastructure – à en imposer la pratique à ses utilisateurs; dans le respect des contraintes techniques et légales, ceux-ci doivent rester libres de leurs choix pédagogiques (enseignants) ou de leurs modèles économiques (auteurs, entreprises). Par exemple, un.e enseignant.e ou une entreprise pourra diffuser via l’infrastructure du matériel pédagogique qu’il ou elle a produit sous tout autre licence. De même, un enseignant pourra proposer un projet pour ses étudiants utilisant des outils non libres.